Tout juste promu en N2, Thionville s’est rapidement imposé en tête du championnat avec trois succès en trois rencontres, pendant que les dirigeants œuvrent en coulisses pour créer une structure professionnelle à moyen terme. Plongée dans le fonctionnement d’un club qui a déjà tout d’un grand.
Se structurer avant de voir plus haut
« La montée en Nationale 1, ce n’est pas un objectif cette année. L’objectif est de développer le club, de recruter des entraîneurs, de se concentrer sur la formation. On va tenter notre chance à fond mais on veut que la structure soit en avance par rapport au terrain, que le jour où on monte, on ait la capacité de recruter pour rester en N1 », annonce Philippe Ouchene, l’entraîneur et manager de Thionville. « Il n’y a rien de pire que de faire l’ascenseur. Villers et Épinal ont fait l’aller-retour, et pourtant ils ont de bons entraîneurs, de bonnes équipes, des valeurs. C’est juste que ce n’est pas facile, l’étage supérieur. On a des objectifs forts avant la montée. »
Recrutement XXL
« Aujourd’hui, on est parfois taxé de club qui achète les joueurs , on nous dit que c’est facile. Oui, on l’a peut-être fait en 2019 mais aujourd’hui, on est dans le dur, dans la formation », assure le technicien, qui a aussi été président du club mosellan. « Et puis, on a recruté des joueurs grâce à nos partenaires privés, ce n’est pas pire que de vivre sur les fonds publics. Et puis, ce n’est pas du tout notre modèle, les subventions sont limitées aujourd’hui. On préfère fonctionner en mode ‘‘entreprise’’. »
Le modèle économique
« L’objectif final est d’être un club professionnel. Pour cela, il faut aller chercher les sponsors. La subvention de la mairie cette année a baissé de 10 %, par exemple. On veut créer un modèle économique viable. La recherche de sponsors, c’est un travail au quotidien. C’est pour cela qu’on essaie de faire de chaque match un événement, avec des animations, des concours. On accueille en moyenne 500-600 spectateurs pour une rencontre à domicile », souligne Philippe Ouchene. « Moi, je l’ai vécu en tant que joueur, certaines saisons, on a failli monter en N1 mais on ne pouvait pas parce qu’on avait le plus petit budget. On avait des idées, des bons entraîneurs… Tout sauf l’argent nécessaire. »
Grandir et « investir »
« L’ingrédient n°1, c’est la formation. On veut être un club complet avec une équipe fanion et de bonnes équipes jeunes. Il faut bien former et si on met les éducateurs et entraîneurs compétents, on peut le faire. On mise fort là-dessus. Cette saison, on a multiplié par deux voire trois les entraînements U9 et U11. Après, il y a aussi le volet communication. On a quelqu’un à plein temps, ainsi qu’un responsable de développement et deux commerciaux pour l’événementiel et les sponsors. Au total, on compte huit salariés. On investit. »
Quelle place pour les jeunes du club ?
« Je rêve de n’avoir que des joueurs du club mais la situation géographique nous pose problème », regrette l’ancien président thionvillois. « On n’est pas une ville universitaire, c’est difficile de conserver nos jeunes, ils partent souvent faire leurs études loin. Et il y a le championnat de France des moins de 18 ans, tous les meilleurs veulent jouer dedans mais seuls quelques clubs ont ce précieux sésame. Pour l’obtenir, il faut faire partie des meilleurs, c’est le serpent qui se mord la queue. On a quand même quelques jeunes qui restent et on fait tout pour avoir des jeunes du cru, mais aujourd’hui, c’est difficile. Le P2H (à Longwy), par exemple, fait un super boulot, ils ont beaucoup de jeunes locaux mais on atteint un plafond de verre. Il faut aller chercher autre chose pour aller plus haut. »