Samuel Porte avait débuté le handball à l’âge de six ans à Thionville. Il a fait « toutes ces gammes » au club, avant de rejoindre l’équipe première, en N3. Photo RL /DR

Le jeune demi-centre de Thionville doit mettre un terme à sa carrière, à seulement 20 ans, après plusieurs blessures au pouce. Samuel Porte souffre d’arthrose au niveau du scaphoïde, un mal rarissime à cet âge-là.

De ce vendredi 21 janvier, Samuel Porte garde en tête « une image » : celle de son médecin, chirurgien de la main, prononçant un « Ouh là » peu rassurant en découvrant les radios du jeune Thionvillois. Dans la foulée, le verdict tombe : à 20 ans, le demi-centre ne pourra plus rejouer au handball.

« Sonné », il regagne sa voiture, « fond en larmes » et passe sa journée à « essayer de comprendre » ce qui lui est arrivé. Depuis ses débuts, quatorze années auparavant, Samuel Porte a gravi les marches une à une, des collectifs jeunes au championnat de France -18 ans, jusqu’à l’équipe première en N3 à seulement dix-sept printemps. Tout cela au sein d’un seul et même club. « Tu es toujours resté le seul, Thionville », écrit-il au moment de clôturer cette courte carrière.

Très apprécié, celui qui fut longtemps le protégé de Serge Kinné, son « mentor », était au coeur de l’ambitieux projet porté par le TMHB, candidat à la troisième division pour les années à venir. « J’avais clairement un objectif : c’était de jouer en Nationale 1, de porter un jour ce club à ce niveau-là », reprend Samuel Porte. « Je ne me voyais qu’avec Thionville, j’aurais pu rester là toute ma vie. J’avais surtout envie de rendre fier tous ceux qui m’ont formé. Ils ont beaucoup donné pour moi, je voulais leur rendre autant. »

Les rêves du Mosellan, « Nancéien de coeur », ont été contrariés suite aux trois blessures contractées coup sur coup ces douze derniers mois. « La première connue – parce qu’à mon avis, il y en a eu d’autres avant – remonte à un an », raconte-t-il. « Une semaine où l’équipe 1 ne jouait pas, je suis allé renforcer l’équipe 2. Je me suis blessé au pouce de la main gauche. Ensuite, avec le Covid, je n’ai pas pu rejouer tout de suite. J’ai subi une nouvelle blessure il y a trois mois, au pouce de la main droite cette fois. » De retour sur les terrains en décembre dernier, Samuel Porte n’a pas le temps de disputer un match entier, il est à nouveau touché au pouce gauche. « Les premières radios ne disaient pas grand-chose, les spécialistes non plus. » À force de « douleurs » et ne voyant aucune amélioration, malgré les séances de kiné, le jeune joueur consulte le médecin du club de Thionville, qui le redirige vers un chirurgien de la main.

Le spécialiste au regard inquiet met fin aux derniers espoirs de Samuel Porte. « Il a été très pédagogue, il m’a clairement montré… Au pouce droit, il y avait toujours des blessures et sur la main gauche, cette zone d’arthrose au niveau du scaphoïde. Il m’a dit qu’à 30 ans, ce n’était pas normal d’avoir cela. Et à 20 ans, c’était du jamais-vu… », souffle le Thionvillois. Le handball et tous les sports « de main » sont à proscrire « définitivement ». « C’était trop grave… D’ici quelques années, si je continuais à utiliser mon pouce, j’aurais eu besoin d’une opération lourde et peu sûre. »

Samuel Porte est depuis retourné au gymnase, au côté de ses coéquipiers, mais « sans (s)’entraîner ». Il lui faudra sûrement attendre la reprise du championnat ,ce week-end, pour « réaliser vraiment ». « J’ai toujours du mal à comprendre, je ne m’attendais à ce que ce soit grave », résume l’étudiant en BTS management commercial opérationnel, qui va se « laisser le temps de bien digérer ». Avant de songer à son avenir, à son rôle futur au sein du club de Thionville, qui restera bel et bien « le seul ».